La K-Pop se montre sous son mauvais jour en ce moment

Quand on est journaliste musical et qu'on se passionne pour la K-pop, on a tendance à ne pas écrire des articles comme celui-ci. Les scandales et les chapitres peu reluisants marquent en effet souvent le regard porté sur la musique pop sud-coréenne. De nombreux collègues, qui connaissent tout au plus une demi-douzaine de chansons de K-pop, préfèrent en parler plutôt que d'admettre, par exemple, que certaines chansons de Blackpink, BTS, Stray Kids, Le Sserafim, (G)I-dle ou New Jeans sont de la grande musique pop.

Malgré tout, force est de constater que l'industrie de la K-pop ne s'est pas montrée sous son meilleur jour ces derniers mois. Voici donc un aperçu de ce qui préoccupe les fans et l'industrie en ce moment.

L'affaire New Jeans

Nous avons déjà récapitulé récemment en détail la situation particulière du groupe de filles New Jeans. La version courte : le label Ador de New Jeans appartient en grande partie au groupe HYBE, qui est lui-même dirigé par Bang Si-hyuk, le "découvreur de BTS". Il y a quelques mois, l'ancienne CEO d'Ador Min Hee-jin - qui a largement contribué à la conception, au casting et donc au succès de New Jeans - s'est brouillée avec HYBE.

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Les parties ont mis en fuite des documents internes, ont tenu des conférences de presse bizarrement émouvantes (Min Hee-Jin du moins), se sont accusées mutuellement d'avoir planifié des OPA hostiles, se sont envoyé des avocats à la figure. Les parents des membres de New Jeans et le groupe lui-même se sont prononcés en faveur de Min Hee-Jin. Les New Jeans ont même lancé un flux en direct sur YoutTube, dans lequel ils demandaient que tout redevienne comme avant.

Dans le streaming, Hanni, la quasi-leader du groupe, a également raconté comment elle avait été coupée et traitée avec condescendance par le manager d'un autre groupe dans le bâtiment HYBE. Le plus piquant : il s'agissait probablement de quelqu'un de l'équipe du groupe Illit. Ils sont également au centre du conflit Ador, Min Hee-Jin reprochant à HYBE d'avoir simplement cloné leurs concepts pour New Jeans. Ce qui, si l'on écoute leur première chanson et que l'on regarde la vidéo, n'est pas si absurde.

L'importance de l'industrie de la K-pop pour la Corée du Sud est également illustrée par le fait que le gouvernement a invité Hanni à parler de son expérience au Parlement en octobre, dans le cadre d'une audition organisée par la commission de la culture, des sports et du tourisme.

En partie en larmes, la jeune femme de 20 ans a déclaré : "J'espère que d'autres stagiaires ne souffriront pas d'incidents comme ceux que nous avons vécus, et c'est pourquoi j'ai décidé de m'exprimer ici aujourd'hui".

New Jeans : une carrière en stand-by ?

Mais quelle est la suite de la carrière de New Jeans ? Ceux qui les suivent sur Instagram pourraient avoir l'impression que tout suit son cours habituel. Les cinq continuent à faire de la coopération d'entreprise et viennent de faire la couverture de l'édition numérique du Vogue coréen. Ils ont également célébré l'anniversaire de leur fandom officiel - les "Bunnies" - avec un streaming en direct.

Mais ce qui va suivre sur le plan musical n'est pas encore connu : on dit qu'une tournée mondiale prévue pour l'année prochaine a été reportée, tout comme un premier album. Ce qui, si je peux me permettre, est vraiment stupide.

En effet, New Jeans a réussi comme peu d'autres groupes à avoir un impact au-delà des personnes intéressées par la K-pop et a même réussi à rallier à sa cause des fans d'indie goguenards grâce à son style Y2K et à son son.

L'élan est donc là, encore plus fort que d'habitude, depuis que le jeune streamer à forte audience "Jason The Ween" a joué la chanson "ETA" des New Jeans dans un livestream et s'est rendu peu après en Corée, où il a même rencontré le groupe. Même la star du rap Travis Scott a repris la chanson et l'a diffusée lors de plusieurs concerts, où ses fans ont fait ce qu'ils faisaient toujours : se déchaîner.

Rapport interne de HYBE avec des commentaires douteux

Au cours de l'audition parlementaire, un rapport interne du groupe HYBE a également été lu, ce qui a suscité une nouvelle indignation. Dans le "Weekly Music Industry Report", les responsables de HBYE partagent leurs appréciations sur le secteur de la K-pop. Ils y parlent de leurs propres groupes et de leurs idoles, mais aussi de la concurrence.

Ce qui est tout à fait légitime : mais c'est le ton condescendant, parfois même provocateur de bodyshaming et de mobbing, qui a mis en colère de nombreux fans. Certains ont même partagé des commentaires sexualisés sur des idoles féminines mineures.

Le rapport mentionne également des réflexions sur la mise en veilleuse de la carrière de New Jeans et sur la promotion d'Illit et de Le Sserafim, également sous contrat avec HYBE. Des commentaires parfois extrêmement haineux ont été recueillis auprès des collaborateurs de HYBE à propos de la concurrence.

Stray Kids : "petit". Blackpink : "sans talent". Zerobaseone : "une synergie de la laideur".

Les membres de Riize ont été ridiculisés en raison de leur apparence, les membres des Stray Kids et de NCT Dream ont été qualifiés de "trop petits". Quant à Blackpink, ils ne seraient "célèbres qu'en raison de leur célébrité" et ne présenteraient pas de réel intérêt artistique.

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Il a été dit du groupe de filles Babymonster et d'un nouveau groupe de filles de SM Entertainment, qui n'a pas encore de nom, qu'"aucune d'entre elles n'est vraiment belle". Le boygroup Zerobaseone serait même "une synergie de la laideur". Quant aux groupes de filles Ive et Aespa, qui connaissent actuellement un grand succès, ils ne constituent pas une concurrence sérieuse, car leurs compétences en matière de performance sont médiocres.

HYBE présente ses excuses officielles

Sans surprise, HYBE a présenté ses excuses officielles quelques jours plus tard. Reste à savoir si cela a servi à quelque chose. Ce sont surtout les fans des groupes mentionnés qui continuent de faire la gueule. Les autres grandes sociétés de production de K-pop n'ont fait aucune déclaration, ce qui laisse perplexe. On peut supposer qu'il existe des rapports similaires dans ces pays.

Certaines idoles ont profité de l'occasion pour faire leurs propres déclarations. Alors que les Stray Kids ont pris la chose avec humour en plaisantant lors d'un concert sur les commentaires concernant leur taille, Seungkwan, membre de Seventeen, a posté une longue déclaration demandant plus de respect de la part de l'industrie envers les idoles.

Seungkwan de Seventeen : "Nous ne sommes pas vos objets".

Seungkwan écrit : "Ce que je veux surtout exprimer : Nous ne sommes pas des personnes à qui cette carrière est tombée du ciel. On ne peut donc pas nous juger à la légère. Nous avons tous connu la douleur, nous étions parfois complètement à bout et nous avons finalement surmonté cela en nous efforçant de toutes nos forces de donner le meilleur de nous-mêmes sur scène pour nos fans. J'espère que les gens ne prendront pas cela à la légère".

A propos de commentaires comme ceux des collaborateurs de HYBE dans le rapport "Looks", il écrit : "Vous n'avez pas le droit de vous immiscer dans notre histoire. Non seulement nous, mais aussi d'autres artistes, ne sommes pas vos objets". Ce qui est intéressant, c'est que la société de production de Seventeen, Pledis, fait désormais partie du groupe HYBE.

Accusations et plainte contre Taeil du NCT

Mais d'autres grandes sociétés de production ne se portent pas non plus très bien en ce moment : par exemple SM Entertainment, dont le projet le plus important en termes d'effectifs est le boys band NCT, composé de 25 membres. Le concept est le suivant : tout le monde est NCT, mais les idoles sont réparties dans six "unités" individuelles, qui fonctionnent en fait comme des groupes à part entière.

Alors que NCT Dream est actuellement en tournée mondiale avec succès, NCT U et NCT 127 ont un membre en moins : l'idole Taeil, 30 ans, devra bientôt répondre de ses actes devant la justice : lui et deux autres hommes sont accusés d'avoir d'abord harcelé sexuellement puis violé une jeune femme en juin dernier.

Le terme juridique officiel est "quasi-rape", ce qui peut signifier que la femme a été menacée et forcée à avoir des relations sexuelles, par exemple avec une arme, ou qu'elle était incapable de se défendre, par exemple sous l'influence de l'alcool ou de la drogue. Dans le cas de Taeil et de ses deux complices, c'était le dernier cas.

Fin août, Taeil a dû se rendre à une première audition, ce qui a déclenché la couverture médiatique de l'incident. Le fait que Taeil, sans être inquiété, ait fait un livestream le lendemain, où il écoutait de la musique, chantait et parlait de sa coupe de cheveux, a également provoqué des problèmes.

Sa société de production SM Entertainment l'a alors licencié et a déclaré : "Nous avons récemment appris que Taeil avait été inculpé dans le cadre d'une procédure pénale pour délit sexuel. En évaluant les faits dans cette affaire, nous avons reconnu la gravité de la situation et décidé que Taeil ne pouvait plus poursuivre ses activités au sein de l'équipe".

Riize et le traitement déloyal de Seunghan

Nous en avons un (malheureusement encore) : Le boys band Riize, qui est également signé chez SM Entertainment, est au centre d'une histoire que l'on pourrait résumer par le mot-clé "fandom toxique".

Mi-octobre, de prétendus fans du groupe Riize ont envoyé des couronnes mortuaires portant le nom de Seunghan à l'adresse de leur société de production SM Entertainment. Une image fantomatique qui a mis en colère de nombreux fans de K-pop. Sur les couronnes, on pouvait lire des phrases comme "RIIZE Is 6" (alors qu'ils sont en fait sept avec Seunghan) et "Seunghan Out".

L'arrière-plan de ce chapitre étrange : l'adhésion de Seunghan a été suspendue pendant quelques mois par la société de production parce que des photos prétendument scandaleuses de son passé ont été publiées. Le "scandale" : Seunghan avait une petite amie lorsqu'il était jeune, à une époque où il n'était pas encore stagiaire ni même idole. Et il fumait.

SM Entertainment est ensuite revenu sur sa décision et a déclaré que Seunghan serait de nouveau actif à partir de novembre. Cette annonce a déclenché l'action des couronnes mortuaires, initiée par un groupe de fans appartenant au mouvement "Riize is 6", qui semble en vouloir à Seunghan d'avoir eu une vie d'adolescent épanoui.

Mais les lignes de conflit ici montrent surtout à quel point les groupes de fans de K-pop sont opposés : Ce sont surtout les fans des pays asiatiques plutôt conservateurs qui sont du côté du "Riize is 6", tandis que les fandoms européens et américains sont indignés et réclament le "Riize is 7".

Seunghan lui-même a décidé à la fin qu'il n'en voulait plus de cette merde. Comme il se doit pour un Coréen, il l'a formulé de manière plus discrète : Il a dit à SM Entertainment qu'il voulait quitter le groupe pour le bien des autres membres et des fans.