Hit 'em up! Une brève histoire de la diss-track

"Round 1 : I Am The Greatest" par Cassius Clay ou Muhammad Ali (1963)

Nombreux sont ceux qui voient les origines du Diss-Track dans ce qu'on appelle le "Trash Talk" avant les grands combats de boxe. C'est dans ce contexte que Cassius Clay, qui allait plus tard se rebaptiser Mohammed Ali, a publié un album entier pour défier son adversaire Sonny Liston. Étonnamment, le tout était encore classé à l'époque dans la catégorie "Comedy Album".

"Run For Cover" de Lee "Scratch" Perry (1967)

La tradition de la dissidence est également connue dans le reggae : le musicien Lee "Scratch" Perry avait la réputation de prendre volontiers pour cible d'anciens compagnons d'armes musicaux. En 1967, il a publié "Run For Cover", qui tirait en direction du producteur jamaïcain Coxsone Dodd. Il lui conseillait : "So, please, step aside, because I ain't gonna sympathize / Boy, I'm gonna lay it on, from dusk till dawn / With a right to the head and a left to the cheek".

"No Vaseline" par Ice Cube (1991)

Depuis le film "Straight Outta Compton" sur l'histoire des icônes du gangsta rap N.W.A., on connaît cette chanson avec laquelle le rappeur Ice Cube, qui vient de quitter N.W.A., s'en prend surtout au manager du groupe, Jerry Heller, que Cube rendait responsable de la rupture avec N.W.A. C'est là que l'on voit le problème et l'attrait de nombreuses diss tracks : la manière dont le rap prend son envol, dont le poison dégouline des lignes, dont la testostérone s'exprime à travers les mots - tout cela a un charme auquel il est difficile de résister. Mais si l'on écoute attentivement, on trouve surtout des conneries antisémites et homophobes dans des versions métaphoriques - il est vrai - très créatives.

"Who Shot Ya ?" par The Notorious B.I.G. (1995)

C'est avec cette chanson que le conflit avec 2Pac a commencé musicalement. Et bien qu'elle soit considérée comme une diss-track contre lui, B.I.G. a toujours affirmé qu'il s'agissait simplement d'une histoire de lutte entre deux gangs rivaux. Mais il faut le voir dans le contexte d'une attaque contre 2Pac l'année précédente. Ce dernier a affirmé que B.I.G. était impliqué dans l'attaque à l'arme à feu dont il a été victime.

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"Hit 'Em Up" par 2Pac (1996)

L'un des morceaux de diss les plus emblématiques est bien entendu signé 2Pac et constitue un retour de bâton pour The Notorious B.I.G. Leur beef rap s'est largement amplifié avec le temps et s'est terminé par des meurtres et des assassinats. Malgré tout l'enthousiasme que suscitent les beef de rap, il faut aussi constater qu'il n'y en a pas : Beaucoup d'entre eux se limitent à des annonces misogynes et chauvines selon lesquelles on va baiser la femme de l'adversaire - et avec des menaces ouvertes de violence. Ici, on trouve par exemple la ligne : "My .44 make sure all y'all kids don't grow".

"Le jugement" de Kool Savas (2004)

Il est temps de donner quelques exemples en langue allemande : L'un des meilleurs et des plus durs rimeurs est toujours Kool Savas, qui s'est attaqué en 2004 à son ancien élève Eko Fresh. On remarque déjà que, comparé au rap américain, c'est plutôt doux. Ici, il n'y a pas de grandes menaces de violence, mais plutôt le démantèlement émotionnel d'une ancienne amitié.

"Vie et mort de Kenneth Glöckler" par Bushido (2013)

Si l'on considère la vie d'influenceur "difficile" de Bushido à Dubaï aujourd'hui, ce morceau devient encore un peu plus mignon. Bushido s'attaque ici aussi à un ancien élève et démonte Prince Kay One avec une vidéo épique presque ridicule (qu'on ne peut plus montrer aujourd'hui) en onze bonnes minutes.

"Not Like Us" par Kendrick Lamar (2024)

Venons-en à la dispute actuelle entre Kendrick Lamar et Drake, dont on pourrait entre-temps faire un album entier : Le meilleur morceau de ce duel est jusqu'à présent le dur "Not Like Us" de Kendrick Lamar, dans lequel il reproche à Drake de n'être rien de moins qu'un "pédophile certifié". Plus tard, il lance la ligne : "Tryna strike a chord it's propably A Minor".

"Family Matters" par Drake

Le morceau de Drake le plus fort de ce duel est "Family Matters", dans lequel Drake fait lui aussi de graves reproches : Entre autres, que Kendrick bat sa Whitney Alford. Il affirme en outre que le sparring-partner créatif de Kendrick, Dave Free, est en réalité le père d'un de ses enfants. En outre, Drake se moque du fait que Kendrick est toujours courtisé par l'élite intellectuelle et l'industrie musicale : "Kendrick just opened his mouth, someone go hand him a Grammy right now".