The Cure, entre immersion et jouvence
Dimanche 6 novembre à l’Arena de Genève, Robert Smith et sa bande ont donné plus de 2 heures d’un concert prouvant qu’ils n’ont rien perdu de leur superbe. De quoi se réjouir pour le prochain concert à Bâle.
Dans le train déjà, en jetant un œil à droite et à gauche, on sait d'avance qui va à Genève pour voir The Cure. Une horde de personne aux t-shirts noirs et autres Dr. Martins longe les voies des CFF pour marcher vers l’Arena. Une fois dans le hall, l'on entend au loin le son de The Twilight Sad, excellente première partie du concert. L'ambiance est déjà là et la tension monte dans la salle comble qui attend les rois de la new wave et leur pape Robert Smith.
À la fin de l'entracte entre les deux groupes, des bruits de pluie commencent à se faire entendre, suivis, petit à petit, par des grondements de tonnerre. La lumière s'éteint le groupe arrive sur scène et le public se déchaîne. Les premières notes du titre «Alone» retentissent et Robert Smith arpente la scène pour saluer son public. Pour la petite histoire, ce morceau - et d’autres joués plus tard, devraient faire partie du tant attendu prochain album «Song Of A Lost World» dont on ne connaît pas la date de sortie.
Extrait d'«Alone» de The Cure à l'Arena
Le début du concert est atmosphérique, immersif avec quelque chose de post-rock notamment sur «And Nothing Is Forever» . La voix de Robert Smith se met en place jusqu’à la presque perfection d’antan, soutenue par ses musiciens de qualité. Excellent Simon Gallup à la basse, Roger O’Donnell et Perry Bamonte font le job aux claviers, le dernier arrivé Reeves Gabrels, ancien guitariste de Bowie souffle un vent de fraîcheur et Jason Cooper le batteur nous fera regretter à certains moments qu’il paraisse tout droit sorti d’un groupe de hard rock, mais OK, on lui pardonne, car ses élans matchent bien avec les écrans géants qui donnent le ton des ambiances des morceaux.
Montée en puissance et explosion de tubes
Pour ce qu'on appellera la 2e partie du concert, les riffs de guitares s'emportent et le ton est plus rock. On sent une tension joyeuse – ce qui détonne avec l’inégalable teint blafard, yeux noir et cheveux en bataille de Robert, lorsque retentit « Shake Dog Shake ». Deux titres et un mini break plus tard, le leader de la bande introduit «I Can Never Say Goodbye» encore une nouvelle chanson. La magie opère même si le texte fait référence à des moments de vie plutôt sombres. «Something wicked this way comes, to steal away my brother’s life». Ensuite, s’enchaîne dans une attention digne d’une cathédrale, «Want», «Cold», «Charlotte Sometimes» mais lorsque retentissent les premières notes de «A Forest», on voit enfin le public réellement onduler, exulter, les gradins se lèvent devant le groupe et les écrans verts entrecoupés de violet. Jubilation, on pense que c’est la fin, mais comme il le chante si bien... «Again and again and again and again.»
C’était sans compter sur la générosité de Smith et sa bande qui offrira un deuxième rappel enclenchant le juke-box enchaînant les ultratubes.
«Lullaby», «The Walk», «Friday I’m in Love», «Close to Me», «In Between Days», «Just Like Heaven» et «Boys Don’t Cry». Un moment qui semble hors temps, car n’en déplaisent à ceux qui pense qu’un groupe de new wave devrait rester pointu avec un soupçon de dépression, ce moment d’enchaînement de 7 hits, semblera ne durer qu’un instant. Un instant magique et jubilatoire, terminant parfaitement une soirée que beaucoup attendaient depuis longtemps, qu’ils soient les fans de toujours, ou ceux qui accompagnaient leurs enfants, ou petits-enfants pour leur faire découvrir un groupe de légende qui dure depuis des décennies.
Longue vie à The Cure et joyeux soient ceux qui ont leurs places pour le concert – complet, du 19 novembre à la St. Jakobshalle de Bâle.