Sam Himself : «Il ne faut pas tomber dans le piège des clichés»
L'helvético-américain Sam Himself vient de sortir son deuxième album "Never Let Me Go", qu'il a enregistré à New York avec des musiciens de renom. Entretien sur le son du Heartland américain, les road-trips anti lockdown et les clichés du rock qu'il faut briser avec ironie.
Tout d'abord, je suis très heureux que l'équipe reçoive aussi un shoutout. Cela s'est développé au cours du temps que j'ai passé à New York. Pas seulement pour ce projet, mais aussi pour d'autres qui n'ont peut-être pas encore fonctionné comme prévu. Mais ce qui est cool à New York, c'est qu'avec le temps, tu te construis une communauté si tu veux faire de la musique sérieusement. Dans l'idéal, avec des gens que tu admires. Et cette collaboration aide beaucoup à surmonter les appréhensions. On se retrouve alors dans le même studio où Iggy Pop travaille le lendemain avec les mêmes personnes. Qui m'expliquent toutefois aussi que je ne suis pas Iggy Pop. Mais la proximité et l'accessibilité de très bons musiciens de ce cadre étaient déjà importantes pour moi. De belles amitiés en sont nées. Je pense que c'est l'une des choses les plus importantes que j'ai retenues de New York.
C'est évidemment un énorme compliment quand on lit ce genre de choses. Ce sont des groupes ou des artistes que j'aime écouter et qui m'ont influencé. Mais c'est tout. Il y a quelques années, quelqu'un m'a demandé un peu sèchement : quelle est donc la différence entre toi et l'artiste XY ? Je suis alors resté aimable et j'ai dit : "Je dois aller loin, mais écoute-le encore une fois attentivement. Mais pour moi, c'est avant tout flatteur. Mais je ne sais pas si l'inverse est vrai : la prochaine fois, demande donc à The National si Sam Himself a été une grande influence pour eux ? On verra comment ils réagiront.
"Heartland" est le titre phare du disque et me tient particulièrement à cœur, je suis donc ravi que tu l'apprécies. C'est presque un road trip mis en musique pendant la période Covid. Pour moi, elle a ce côté rêveur, mais aussi ce rapport radical à une autre personne avec laquelle on fait ce voyage. On y a l'impression d'être dans une sorte de cocon dont on s'entoure. Ce qui est bien sûr aussi approprié dans la voiture quand tu es en road trip - surtout pendant Covid, où tu étais de toute façon forcément dans une telle bulle. La chanson est une déclaration d'amour à cet état de voyage à deux, mais aussi aux lieux de cette région qu'on appelle Heartland et à la proximité de cette personne. Cela peut avoir des clichés et du pathos, car c'est ce qui fait le Heartland et son son. La chanson est également truffée de blagues d'initiés pour une personne en particulier.
Je suis content de l'apprendre. Je dois encore m'entraîner à siffler - surtout en live. En studio, j'ai aussi eu besoin de quelques prises. Comme premier coup de sifflet enregistré dans mon œuvre, je veux aussi que ce soit un petit hommage aux westerns spaghettis et à Sergio Leone. Pour moi, la musique de ce voyage était comme la bande-son d'un western et nous étions tous les deux "The Good, The Bad and The Ugly" à nous déchaîner ainsi.
La période de la pandémie a certainement laissé des traces. Mais je pense que mon album sur la pandémie est derrière moi depuis un peu plus longtemps. C'était mon premier album, Power Ballads. On ne peut évidemment pas séparer exactement la genèse de l'un de l'autre, mais à partir de maintenant, je ne parle plus de la pandémie. J'ai enregistré "Never Let Me Go" pendant la fin des années Kern Covid. Je voulais me concentrer sur cet aspect précis : la re-immersion et la re-sortie. Je suis conscient qu'entre-temps, dans le journalisme musical que je lis, c'est presque redevenu un cliché à part entière. Bien sûr, de nombreux artistes ont enregistré des choses à cette époque. Souvent de très bons. Au début, il s'agissait de musique marquée par le lockdown, puis de la suite du scénario "Maintenant, tout le monde retourne danser". C'est bien sûr évident - mais il y a aussi quelque chose. Ce n'est donc pas pour rien que c'est si répandu. "My Great Escape" est certainement marqué par la perte d'une certaine discipline dans les bonnes et les mauvaises habitudes et par une certaine régulation qui est ensuite devenue, pendant la pandémie, un costume trop étroit à déchirer. En outre, je suis un grand fan de Steve McQueen - d'où le titre. N'y a-t-il pas même des sifflets dans la chanson-titre de "The Great Escape" ?
En tout cas, j'y pense trop. Mais j'essaie d'y mettre un frein. Je sais que cela peut devenir agaçant si je l'intègre trop dans ma musique. C'est comme dans la littérature : Je trouve que ces "writer's writer" qui écrivent sur la vie d'écrivain:in sont horribles. Ça n'intéresse personne. Mais même si j'y pense et que les clichés sont d'une part anti-thèses, ils vont d'autre part certainement plus loin que je n'en ai conscience. Je dois en quelque sorte trouver un équilibre. D'une part, ne pas faire profiter tout le monde des réflexions que j'ai faites sur ces clichés du rock'n'roll. D'autre part, dans le rôle que j'ai à jouer, il faut que je prenne un peu de hauteur par rapport à cette introspection. Donc, d'une part, ne pas tomber dans le piège des clichés et jouer les Mick Jagger, et d'autre part, ne pas passer mes journées à me demander à quel point c'est difficile. Je veux dire : I should be so lucky that I can do everything here.
En février, Sam Himself sera en tournée en Suisse et en Autriche avec son album "Never Let Me Go". Toutes les infos et les billets sont disponibles ici.