Publié le 25. janvier 2023

Pour 24 millions, Beyoncé vend toutes ses valeurs

Lorsque Beyoncé chante, des hymnes tels que: «I break chains all by myself - won't let my freedom rot in hell» résonnent. Et elle a chanté ces paroles à Dubaï. Proteste-t-elle contre les cheikhs qui l'ont payée des millions? Non, on dirait que Beyoncé a remis son âme au diable lors de son énorme show sur scène.

Journalist
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C'est le moment de faire du bruit dans le carton de la pop : samedi, à Dubaï, c'était bruyant. Très fort. La moitié de la ville semblait exploser. Il pleuvait des étincelles scintillantes, des éclairs de lumière jaillissaient de l'hôtel de luxe Atlantis The Royal, Beyoncé s'élevait du brouillard, et même sa fille de 11 ans, Blue Ivy, à un moment donné. Quel spectacle ! Quel come-back ! Cela fait quatre ans que Beyoncé n'est plus montée sur scène, elle s'est à peine montrée. Ce fut le cas l'année dernière, lorsque Beyoncé a sorti "Renaissance". La rumeur disait qu'une tournée était en préparation. Et, bam, Beyoncé est de retour sur scène - c'était inattendu et surprenant. Car elle l'a fait en ouvrant un hôtel. Cela semble étrange, mais c'est ainsi.

Au début des années 90, Beyoncé et son groupe de filles Destiny's Child se sont produits dans des centres commerciaux. Pour des sommes certes moins importantes, mais le rêve américain commence souvent dans un centre commercial. Le complexe hôtelier de luxe Atlantis The Royal en possède certainement un, mais les murs chatoyants de la bulle de rêve sont désormais tendus à l'extrême. Ici, à Dubaï, tout est possible : même une scène géante, si la reine B le souhaite. C'est donc avec tambours et trompettes que la chanteuse de 41 ans s'est produite pendant une heure, pour un cachet de 24 millions de dollars, devant des invités de choix comme Kendall Jenner ou Ronan Keating (qui a besoin de fans ?), ainsi que 50 influenceurs venus par avion de Tarte Cosmetics et de nombreux cheikhs qui, espérons-le, n'ont pas vraiment écouté. Car comment diable les paroles de Beyoncé s'intègrent-elles à Dubaï ?

Comment définissez-vous "Freedom", Mlle Carter ?

C'est peut-être pour cela que l'on a tant tiré et dansé assidûment autour de Beyoncé : pour détourner l'attention du fait que des chansons comme "Freedom" avec Kendrick Lamar, considéré comme un hymne anti-esclavagiste, perdent leur force d'expression devant des Emiratis aisés qui représentent un système inhumain. Ce n'est pas seulement depuis la Coupe du monde que nous le savons : L'homosexualité est interdite, les travailleurs immigrés subissent un traitement inhumain - allant jusqu'à la torture et au meurtre par l'Etat. On se demande alors à juste titre pourquoi on a pu annuler le footballeur David Beckham parce qu'il faisait de la publicité pour la Coupe du monde au Qatar et qu'il était ambassadeur de l'émirat, alors que Beyoncé, figure de proue de la scène LGBTQ+ noire, oublie le sens de ses paroles pour un tas d'argent (dont elle n'a probablement pas besoin).

Les fans attentifs ont pu constater sur les vidéos tremblantes tournées sur place (il était strictement interdit de filmer) qu'il manquait des chansons du dernier album "Renaissance". Une lueur d'espoir tout de même, si l'on considère que cet opus est un hommage à la scène queer des salles de bal noires. Car oups ! Aux Émirats arabes unis, les homosexuels et autres membres de la communauté LGBTQ+ risquent la peine de mort.

Beyoncé, son époux Jay-Z et leur fille auraient également inauguré la suite la plus opulente du complexe de luxe Atlantis The Royal, qui a coûté 1,5 milliard de dollars et qui abrite par ailleurs le plus grand aquarium de méduses au monde. Qui dirige le monde ?

Exactement. Voici donc à nouveau le feu d'artifice. S'il vous plaît, merci.

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