Hitzone: «Erotica» de Madonna

Novembre 1992, Lionel Richie cartonne avec «My Destiny», Metallica avec «Nothing else matters» tout comme Genesis avec «Jesus he knows me». Quelques semaines plus tôt, le 20 octobre, Madonna, elle, sortait simultanément le livre «Sex» avec le photographe Steven Meisel et son cinquième album «Erotica» dont le premier single était le titre éponyme.

La chanson débute par ces mots : «My Name is Dita, i’ll be your mistress tonight» - réf à Dita Parlo, actrice allemande des années 1930, ici, l’alter ego sans filtre de la Madone. «Erotica», est accompagné par un clip vidéo réalisé par le photographe de mode Fabien Baron dans une ambiance porno chic où Dita joue les dominatrices et s'adonne à de multiples jeux sexuels. Clip qui aura uniquement eu droit à trois diffusions sur MTV avant d’être censuré totalement, faisant de la vidéo, la deuxième œuvre de Madonna à être interdite sur MTV après «Justify My Love».

En plus des images tournées au Kitchen de New York, et à l'Hôtel Chelsea et au Gaiety Theatre, un théâtre burlesque masculin de Times Square, on note que des séquences du shooting du livre «Sex» y sont aussi présentes, notamment des scènes avec Isabella Rossellini, Big Daddy Kane, Vanilla Ice et Naomi Campbell.

Des samples et un procès

À propos du track, le producteur Shep Pettibone expliquait au magazine i-D: «Avec ce morceau, il fallait arriver à quelque chose de très brut. Erotica était très «musical» à un endroit. C'est un album qui est passé par de nombreuses adaptations pour en arriver à sa version finale. Le sample de Kool and the Gang donne une vibe sombre et mystérieuse. Comme je suis DJ, j'entends le titre Jungle Boogie résonner dans mes oreilles tout le long du morceau. J'ai fouillé dans ma discothèque, j'ai trouvé ce morceau, je l'ai lancé sur la piste déjà existante d' Erotica et ça a marché!»

Seulement le sample de Kool and the Gang n’est pas le seul à apparaître sur le track, et le deuxième dont on parle a valu une plainte pour 2,5 millions de dollars à Madonna… Il s’agit de mots «empruntés» à la chanteuse libanaise Fairuz. Elle affirmait que sa voix figurait sur la chanson sans son consentement et que les paroles chantées en arabe, étaient tirées de son titre «Al Yawm Ulliqa Alal Khashhaba». Un accord non divulgué a été conclu entre Fairuz et Madonna.

La promo de cet album commençait donc par son petit lot de scandale, et même si à ce jour, «Erotica» est considéré par le Rock and Roll Hall of Fame comme «l'un des albums les plus révolutionnaires de tous les temps», en termes de succès, il fut l’un des moins grands de la Queen of Pop.

Et pour la petite histoire, à la base, l’image en négatif bleu électrique qui montrait la Madone en train de sucer un orteil avait été jugée trop explicite pour apparaître dans les bacs des magasins de disque en cover, du coup, elle fut reléguée au dos de la pochette.