Publié le 01. novembre 2022

De Leonard Cohen à Yoko Ono, voici 5 albums hommage étonnants

Récemment, l'album «Here It Is: A Tribute To Leonard Cohen» est sorti. Une bonne occasion de jeter un coup d'œil sur cinq compilations hommage particulièrement réussies, qui peuvent encore ajouter quelque chose de nouveau à l'œuvre de ces grands artistes.

Journalist

«Here It Is: A Tribute To Leonard Cohen»

Il y a des tâches plus faciles que d'aborder la musique de Leonard Cohen. Ce n'est pas seulement sa vision poétique du monde, mais aussi et surtout cette voix profonde qui rendait ses chansons si magiques. Heureusement, les artistes de cette compilation n'essaient même pas de porter leur voix dans la cave pour se rapprocher du timbre de Cohen. A l'exception peut-être d'Iggy Pop, qui retranscrit assez fidèlement la chanson tardive de Cohen "I Want It Darker" - mais qui a bien sûr aussi un timbre approprié, tout aussi assombri par la vie. Mais les points forts viennent souvent des chanteuses : la grande Mavis Staples, qui interprète "If It Be Your Will" comme un morceau de blues sombre, ou Sarah McLachlan, qui transforme le déjà trop souvent repris "Hallelujah" en une valse folk et méditative.

«Come On Up To The House: Women Sing Waits»

Un constat qui offre une transition parfaite vers cette collection de chansons de 2019. Sur "Come On Up The House", quelques-unes des meilleures auteures-compositrices et chanteuses interprètent des classiques de Tom Waits - sans doute la voix la plus masculine que l'on puisse trouver dans l'histoire récente de la musique. De cette tension naissent de merveilleuses réinterprétations qui jettent effectivement un regard neuf sur l'écriture et la poésie de Waits. Que ce soit chez Rosanne Cash, qui n'a guère besoin que de sa voix et de sa guitare pour son "Time", ou chez la superstar de la chanson Phoebe Bridgers, qui donne à "Georgia Lee" une note mélancolique et tendre, ou encore chez JOSEPH, qui remplit la chanson titre d'une nouvelle puissance vocale.

«Chimes Of Freedom: The Songs of Bob Dylan Honoring 50 Years of Amnesty International»

Ce n'est pas forcément la masse qui fait la différence, mais dans ce cas précis, c'est un peu le cas : en 2012, 76 reprises de Dylan sont sorties sous le nom de "Chimes of Freedom", vendues sous forme de package 4 CD dont les recettes ont été reversées à Amnesty International. Une belle chose, rien que pour cette configuration. Mais les nombreuses reprises ont également convaincu - même si les ultras de Dylan ont aussi trouvé des choses à redire. Mais c'est là que réside l'intérêt : car si The Avett Brothers et Johnny Cash, qui jouent ensemble "One Too Many Mornings", sont en quelque sorte une valeur sûre pour les fans de Dylan, "You're Gonna Make Me Lonesome When You Go" de Miley Cyrus ou "The Times They Are A-Changin'" des punks folk irlandais Flogging Molly ont provoqué des essoufflements. On n'est pas obligé d'apprécier les 76 interprétations, mais elles montrent ce que beaucoup de dylanologues ont tendance à oublier : Les chansons de Dylan peuvent aussi être tout simplement amusantes.

«The Late Great Daniel Johnston: Discovered Covered»

Les samplers hommage qui nous font découvrir un talent méconnu sont parfois plus intéressants que les courbettes aux très grands noms connus. Là, les choses fonctionnent souvent à l'envers. Tom Waits reprend Daniel Johnston ? Qui est ce type ? Sachant que Daniel Johnston devrait au moins être connu des fans de Nirvana, car Kurt Cobain aimait porter sur les anciennes photos du groupe des artworks de l'artiste et auteur-compositeur, qui a souffert toute sa vie de troubles bipolaires. Sa musique et son art étaient directs, sans filtre, poétiques - et souvent teintés d'un esprit enfantin très personnel. Cette compilation, parue en 2004 du vivant de Johnston, décédé en 2019, a rassemblé des groupes et des artistes tels que Clem Snide, Tom Waits, Death Cab For Cutie, Eels et Beck, qui ont livré de très belles interprétations. Le deuxième CD est un best-of des originaux de Jonston. "Discovered Covered", en somme.

«Ocean Child: Songs of Yoko Ono»

Une autre compilation hommage très récente de cette année rend hommage à Yoko Ono et à sa musique. Il est désormais évident que cette auteure-compositrice et artiste a opéré à l'égal de John Lennon et a souvent fait preuve de plus d'audace dans son travail que son époux. La compilation, organisée par Benjamin Gibbard (Death Cab For Cutie), permet également de récolter des fonds pour une bonne cause : une partie des recettes de l'album est reversée à WhyHunger, une organisation à but non lucratif qu'Ono soutient depuis des décennies dans ses efforts pour changer notre système alimentaire en instaurant la justice sociale et en s'attaquant aux causes profondes de la faim et de la pauvreté. Ocean Child : Songs of Yoko Ono" réunit également de nombreux artistes passionnants : le grandiose Sudan Archives traduit "Dogtown" dans son univers sonore entre R'n'B et pop futuriste, Japanese Breakfast confère à "Nobody Sees Me Like You Do" une tendresse toute particulière, Deerhoof répond à "No, No, No" avec la folie dont cette chanson a besoin et David Byrne fait appel à Yo La Tengo en studio pour une ode dreampop exaltée intitulée "Who Has Seen The Wind ?

Tu aimes cet article?