Un choix absurde : Trump sollicite des voix avec «Heroes» de Bowie
Le républicain Donald Trump a annoncé la semaine dernière en sa candidature à la présidentielle américaine de 2024 et a quitté la scène au son de «Heroes» de David Bowie. Le fils de ce dernier, Duncan Jones, trouve cela peu héroïque... Retour sur les choix inappropriés de Trump en matière de chansons de campagne.
Il est en colère et ce n'est pas la première fois : Duncan Jones, le fils d'Angie et de David Bowie, doit à nouveau faire face aux goûts musicaux - au fond pas si mauvais - de Donald Trump. En Floride, l'ex-président américain a annoncé à son public qu'il se représenterait en 2024 et s'est fait accompagner par «Heroes» de David Bowie. Le morceau, sorti en 1977, est en soi hautement politique. Il parle de deux amants qui se retrouvent à l'ombre du mur de Berlin. Le titre a été composé à Berlin-Ouest dans le cadre de la "trilogie berlinoise" de Bowie et est l'une des rares chansons pop sur le mur de Berlin à avoir acquis une renommée internationale. Trump vient maintenant l'utiliser pour se mettre en scène de manière narcissique. Être un héros, c'est ce qu'il souhaite depuis toujours.
Pourtant, Duncan Jones connaît malheureusement déjà la situation : "Nous sommes déjà passés par là. Il a utilisé le même morceau il y a six ans [lors de sa première candidature à la Maison Blanche en 2016]. On m'a dit que nous ne pouvions pas faire grand chose", a posté le fils de Bowie sur Twitter, la plateforme qui vient à nouveau d'accueillir chaleureusement Donald Trump.
Le phénomène n'est pas nouveau
Il suffit d'y jeter un coup d'œil : par le passé, des artistes comme Phil Collins ont interdit à Trump d'utiliser leurs morceaux. En 2020, lorsque la chanson "In The Air Tonight" a été jouée lors d'un événement à Des Moines, dans l'Iowa, le musicien a signé une déclaration d'abstention contre Trump. Le problème n'est pas seulement que l'ex-président américain n'a pas l'autorisation de faire campagne avec ces tubes et de les utiliser à des fins commerciales. Il est en outre frappant de constater que le choix des chansons ne semble tenir compte ni des paroles ni du contexte. A l'époque, lorsque "In the Air Tonight" résonnait dans les haut-parleurs, Trump prononçait l'un de ses discours devant une foule en principe frappée par la crise de Coronado, mais qui ne portait pas de masque. Cela peut sembler ironique, mais ce qui est sûr, c'est que c'est tout simplement de l'ignorance. Après tout, Phil Collins chante que ce soir-là, il y avait dans l'air quelque chose qu'il avait attendu toute sa vie.
Des artistes comme les Rolling Stones, Neil Young ou Leonard Cohen ont également déjà menacé d'engager des poursuites judiciaires. En 2016, Trump s'est ainsi excusé en descendant de scène sur le classique des Stones "You Can't Always Get What You Want". Ce serait bien. Au sujet de l'utilisation de la chanson de Neil Young, Trump a déclaré : "Rockin' in the Free World` n'était qu'une des dix chansons que nous avons utilisées. Mais je ne l'aimais pas de toute façon". Pour ensuite la réutiliser quatre ans plus tard dans sa campagne de réélection, avec beaucoup de culot. L'avocate de Leonard Cohen, responsable de la succession, s'est à son tour montrée étonnée et irritée par l'utilisation de "Hallelujah" en 2020. Le fait que le parti ait utilisé le morceau à des fins électorales malgré son veto ferme constitue selon elle une "tentative effrontée de politisation et d'exploitation" d'une chanson dont les paroles jouent avec des motifs juifs, chrétiens et bouddhistes.
En 2018 déjà, Pharell Williams n'était pas content de la playlist sauvage et arbitraire de Trump. Il a trouvé que le républicain souriait à la caméra sur "Happy".