Les ventes de disques vinyles reviennent au premier plan

Si quelqu'un devait un jour rédiger les 10 commandements de la musique, l'un d'entre eux devrait être "Ne jamais sous-estimer les swifties". est le suivant. Les fans absurdement loyaux de Taylor Swift sont une force primaire, ce qu'une certaine entreprise de billetterie doit actuellement apprendre à ses dépens. Pour l'industrie du disque, cette force primitive est une bénédiction, car elle fait rage avec un pouvoir d'achat énorme : "Midnights" , le 10e album de Taylor Swift, a pu être écoulé à plus de 80'000 unités, ce qui lui a permis de se placer en pole position des ventes de disques. Parallèlement, ce boost a permis au vinyle de redevenir - pour la première fois depuis 35 ans - le format de musique physique le plus vendu en Angleterre.

Est-ce que c'est encore un revival ?

Combien de temps peut-on parler de renaissance ? Si l'on traduit le terme en français et que l'on se place du point de vue de l'histoire de la culture, une telle renaissance peut tout à fait durer quelques centaines d'années. La police de la culture pop ne s'est pas encore penchée sur cette question. Pourquoi le serait-elle, les tendances y sont généralement éphémères. Tandis que le monde de la mode proclame ce qui est à la mode et ce qui ne l'est pas, presque sous la forme d'un téléscripteur d'actualités (pourrions-nous bientôt dire au revoir à ces innommables bucket hats? ), la scène musicale a certes un peu plus de temps, mais elle n'en doit pas moins se plier aux tendances actuelles.

Voilà tout un tas de mots pour un constat somme toute assez simple : le vinyle est (re)venu pour rester. Nous pouvons donc nous épargner les articles annuels sur le boom du disque et abandonner l'idée qu'il s'agit d'une tendance passagère. La question de savoir si les avantages du vinyle (son chaud, artworks plus grands, expérience tactile...) l'emportent sur les inconvénients (disponibilité, coûts d'acquisition, stockage...) est bien sûr complètement subjective. Mais le caractère unique du format et la légitimité qui en découle ne peuvent être contestés.

En Suisse aussi ?

En Suisse, les ventes de disques sont toujours à la traîne par rapport à celles des CD. Les chiffres de l'année en cours font défaut, c'est pourquoi nous nous basons sur ceux de 2021. L'IFPI, l'association suisse des labels de musique, confirme dans un communiqué de presse du 22 février 2022 un chiffre d'affaires de CHF 4,8 millions pour le vinyle. Avec un prix de vente moyen de 35 francs par disque, nous en serions à environ 137'000 unités, avec une croissance de 18% par rapport à l'année précédente. En revanche, les quelque 1'245'000 CD vendus (chiffre d'affaires de CHF 24'9 millions avec un prix de vente moyen de 20sFr. par CD) représentent un recul de 10% par rapport à l'année précédente. Si l'évolution se poursuit avec les mêmes valeurs, le vinyle dépassera le CD en Suisse également d'ici 2030.

Dans la file d'attente

Cela est toutefois aussi lié à la disponibilité. Lorsque les disques vinyles ont été emportés dans la tombe (présumée) dans les années 80, la plupart des usines de pressage ont fermé. La reconstruction de cette infrastructure prend du temps et jusqu'alors, presque toute l'industrie produisait dans les mêmes ateliers. Les gros labels y obtiennent la priorité, car il est financièrement plus intéressant de produire 50'000 unités au lieu de 500. Les fans d'Evelinn Trouble ont donc dû attendre près de quatre mois la version vinyle de son dernier album, comme le révèle l'auteur-compositeur au Beobachter. Certains ont sans doute perdu patience.

Mais à l'avenir, les choses iront au moins un peu plus vite : En été 2022, Adon Production AG a mis en service la première usine de pressage de disques suisse depuis 2003. Celle-ci peut produire 900 disques en une seule journée de travail et permet aux artistes locaux et étrangers d'obtenir leur marchandise plus rapidement.

Il y a donc de bonnes chances pour que le vinyle détrône le CD avant 2030. Le roi est mort, vive le roi !