Publié le 27. août 2024

Avons-nous besoin de la réunion d'Oasis? Definitely! Maybe!

Les fans ont attendu, spéculé et plaisanté, mais c'est enfin officiel: Oasis - ou du moins Liam et Noel Gallagher - donneront des concerts au Royaume-Uni et en Irlande en 2025 pour la première fois depuis 2016. En avons-nous besoin? Nos rédacteurs Caroline Piccinin et Daniel Koch ne sont pas tout à fait d'accord.

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Definitely! (Caroline)

Soyons clairs dès le départ: je n'ai jamais vu Oasis en live. Donc la simple idée de pouvoir enfin les voir relève peut-être d'un de ses fantasmes qu'on a imaginé trop longtemps, mais quoi qu'il en soit, je DOIS le réaliser. Mais pourquoi je les ai pas déjà vu?

Quand ils ont fait leur apparition éclair au Paléo Festival en 2000, j’exerçais encore mon premier métier, graphiste, plus concentrée sur mes projets visuels que sur la signification de «Champagne Supernova». Mais tout comme mon CV est-ce vraiment important aujourd'hui? Le vrai sujet, c'est pourquoi il est impératif de se précipiter à cette réunion d'Oasis en 2025. Je ne promets pas de vous offrir des arguments rationnels –Balance rêveuse oblige.

J'ai (re)découvert Oasis sur le tard. Oui, comme tout le monde, je fredonnais «Wonderwall» dans les années 90, mais à l'époque, j'étais plus fascinée par les rythmes de la house music que par les riffs de la Britpop. C’était une autre époque, une autre vibe.

Et puis, tout a changé lors de leur séparation retentissante en 2009 à Rock en Seine — où une guitare que Noel avait reçue d’Eric Clapton avait été sacrifiée sur l'autel de leur querelle fratricide. Un drame rock digne des plus grandes tragédies familiales. C’est là que j’ai commencé à saisir l’ampleur du phénomène Gallagher. J'ai plongé dans la discographie d’Oasis et réalisé tout ce que j'avais manqué. Pas juste de la musique, mais un morceau d’histoire.

La guerre des frères Gallagher

Outre l'indéniable coolitude des albums d'Oasis (normal pour une oreille habituée aux Beatles), ce qui m’a aussi fascinée, c’est la relation explosive entre les deux frangins. Liam, né sous le signe de la Vierge, perfectionniste et critique, face à Noel, le Gémeaux imprévisible. Une combinaison cosmique idéale pour un conflit digne d'un opéra rock.

Quand on voit des répliques cinglantes comme: «Il pense qu'il est John Lennon, mais il est plus proche de John Major» lancées par Liam, et que Noel riposte avec: «Liam pourrait écrire des paroles avec ses pieds, et ce serait tout aussi bon», on comprend qu'on est face à un duo légendaire mais que les rabibocher ne sera pas chose facile, et c’est justement ça qui rend leur réunion si captivante.

Imaginez un instant le potentiel dramatique de les voir jouer «Don’t Look Back in Anger» ensemble sur scène, après toutes ces années de divisons... C’est déjà un spectacle en soi.

Mieux qu'un derby de foot anglais, avec cette tension palpable, sauf qu’au lieu de cris de supporters, ce sera les milliers de voix de fans qui chanteront chaque mot à l’unisson avec cette ferveur unique qui n’existe qu’au Royaume-Uni. Un «You'll Never Walk Alone» version chair de poule rock'n'roll.

De plus, l’annonce de cette réunion qui arrive 30 ans après la sortie de leur premier album, «Definitely Maybe», c’est un signe de l’univers. Comme le retour d'une comète qui n'apparaît qu'une fois par siècle. Si vous la manquez, vous le regretterez pour toujours. Et quand on est Balance, on n'aime pas avoir des regrets.

La réunion d’Oasis, c’est bien plus qu’un rendez-vous avec l'histoire du rock'n'roll; c'est l'occasion de voir deux frères au caractère volcanique mettre de côté leurs différends pour l’amour de la musique et de leurs fans. Ce sera l'occaze de voir si, après toutes ces années, Liam et Noel ont toujours cette alchimie brutale et cette énergie scénique qui ont fait la légende.

Bref, c'est le genre de moment qui donne envie de tout plaquer et de partir en pèlerinage musical, direction Cardiff, Londres, Édimbourg ou Dublin. (Oui, j'évite volontairement de mentionner Manchester – histoire d’avoir moins de monde dans la file d’attente pour choper des billets!)

Et quand les premiers accords de «Live Forever» résonneront, vous saurez que vous avez fait le bon choix. Parce qu’entre un Gallagher qui se prend pour Lennon et l’autre qui croit qu’il est plus rock qu’une bière tiède, ce moment va forcément être mémorable.

Hurler «You and I are gonna liiiiiiiive foreeeeeeeeeeever» avec des milliers d'autres fans en transe, ça, c’est un truc que je veux vivre au moins une fois. Cette fois, c’est tout ou rien, et moi, je choisis tout. Rendez-vous en 2025.

Maybe! (Daniel)

J'ai vu Oasis en concert trois fois dans ma vie. La première fois, c'était une déception - et un refus de travailler de la part du groupe, la deuxième fois, le son était souterrain et la troisième fois, les Gallaghers étaient déjà tellement divisés que la haine suintait presque visiblement de la scène.

Mais reprenons les choses dans l'ordre: Même si j'ai un peu plus de respect pour The Verve, j'adore Oasis. Quand ils étaient en tête d'affiche à Glastonbury en 2004 - et que j'étais à peu près au dixième rang devant la scène - j'ai pensé que ça allait être la soirée de ma vie. Des heures avant, je m'étais systématiquement glissé devant avec mes amis et j'étais tellement prêt.

Mais: Oasis était apathique. D'une manière qu'on ne pouvait déjà plus faire passer pour de la coolitude. Liam portait une parka blanche vraiment très étrange et avait l'air, encore plus que d'habitude, de vouloir mettre une raclée à tous les 90.000 spectateurs. Le concert était à la limite du refus de travailler.

Il n'y a pas eu d'annonces - sauf avant «Stop Crying Your Heart Out» (qui était malheureusement avant le début du clip ci-dessus). C'est alors que Liam a dit : «This one's deticated to the English football team». Celle-ci avait en effet été éliminée de l'Euro la veille au soir lors de la séance de tirs au but contre le Portugal. Ce que tout le monde dans le public avait vu sur des écrans à côté de la Pyramid Stage.

Mais le concert était vraiment fade. Tellement fade que même mon enthousiasme, ma joie de chanter et le légendaire public du Glasto n'ont pas réussi à masquer ma colère. Plus tard, en discutant au comptoir avec quelques fans d'Oasis, j'ai appris que je n'étais pas le seul à ressentir cela.

Le deuxième concert a eu lieu en 2009 à l'Arena de Berlin - la tournée du pas si bon «Dig Out Your Soul». Beaucoup de trucs vidéo colorés sur scène et un groupe qui n'avait pas vraiment envie de jouer, mais qui était plus into it que sur le Glasto. Mais ici, le son était si mauvais que j'en avais presque les oreilles qui sifflaient. Bon, le groupe n'y était pour rien - c'est un problème qui se pose souvent dans l'arène.

Le troisième concert a été le début visible de la fin : le Melt Festival, près de Dessau. Un décor spectaculaire, un superbe line-up entre indie et electro et Oasis en tête d'affiche du dernier jour du festival.

Ici, la foule était super, mais plus petite que ce qu'Oasis espérait. Turns out: beaucoup de jeunes techno kids ne trouvaient plus les Gallaghers d'âge moyen si cools. Mais la haine était palpable sur scène: Liam avait l'air de vouloir quitter la scène à tout moment et Noel avait une tête de grincheux qui en disait long. A peine un mois plus tard, c'en était fini des deux.

C'est pourquoi je ne suis pas si sûr en ce moment: méritent-ils une nouvelle chance? N'est-ce pas un peu trop évident que Noel a finalement envie parce que ses créations solo sont à la traîne du succès de Liam - alors que justement son dernier album avec les High Flying Birds «Council Sides» était plutôt far out et bien meilleur que le peu inspiré «C'MON YOU KNOW» de Liam ?

Et n’était-ce pas amusant d’entendre des chansons comme «Don’t Look Back In Anger», «The Masterplan», «Little By Little» ou «Going Nowhere» lors des concerts de Noel, puis «Champagne Supernova», «Rock'n'Roll Star» et «Wonderwall» lors des spectacles de Liam?

Ai-je vraiment besoin de les voir ensemble à nouveau?

Quoi qu'il en soit, ce sera plus un «maybe» qu'un «definitely» pour moi. L'engouement des fans rendra les shows spéciaux et je me jetterai dans la bataille des billets et me rendrai idéalement à Manchester avec les copains de notre groupe WhatsApp «Liam away» (dans lequel le contenu de Noel est également négocié).

Mais quand même: le numéro est bien sûr un «cash grab», pas un service d'amour pur pour la musique et les fans (désolé, Caro!), il ne faut pas s'attendre à de nouvelles chansons communes, et les Gallaghers doivent encore me prouver qu'ils ont au moins encore la coolitude euphorique des premières années. Bien sûr, les fans vont se déchaîner. Mais «one for the history books», ce ne sera que lorsqu'ils livreront vraiment la marchandise.

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