Publié le 15. juin 2022

ABBA Voyage - la révolution des concerts qui n'en est pas une

Elles ne sont plus si fréquentes, les choses de la vie que l'on fait pour la première fois. En revanche, un concert entièrement numérisé d'un groupe culte est l'une de ces choses - nous avons assisté au spectacle à Londres.

Journalist
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C'était sans doute l'événement le plus attendu et le plus annoncé depuis de nombreuses années : le retour virtuel d'Abba après plus de 40 ans d'absence sur scène. Annoncé comme une révolution dans le monde des concerts, le spectacle a reçu de nombreux éloges et, après la première, de bonnes critiques quasi unanimes. Même la presse britannique conservatrice s'est enthousiasmée après la première projection en présence de tous les membres du groupe Abba et a déjà prédit que le spectacle ferait de nombreuses émules.

Depuis plusieurs semaines, les avatars d'Abba se produisent sur scène - ou abbataires, comme les appellent les créateurs de ce spectacle en 3D très élaboré. Pour le retour du quatuor suédois, ils n'ont pas lésiné sur les moyens : technologie de pointe, développement sur plusieurs années et même une arène spéciale a vu le jour dans l'ouest de Londres.

"La machine marketing d'Abba a été réglée au mieux".

David Chasseur
  - Johan Persson
- Johan Persson

Premières impressions

L'arrivée dans l'ouest de Londres, où une arène spéciale a été construite pour le spectacle Abba à l'extrémité sud du site olympique isolé de 2012, ne dégage pas une atmosphère de show-business comme dans le quartier des comédies musicales de Soho. Le site a été loué pour au moins cinq ans, ce qui laisse présager une durée de représentation aussi longue que celle des comédies musicales d'Abba, qui connaissent un succès mondial.

L'arène moderne, dont l'architecture est une réussite, ressemble à un OVNI échoué qui, comparé au stade olympique voisin, semble petit et compact. Il règne une ambiance joyeuse et positive parmi les visiteurs qui ont fait le voyage et les heureux détenteurs de billets pour les premiers jours du spectacle, car ils font partie des premiers à pouvoir voir cette innovation technologique en matière de concerts. L'impatience et la tension sont palpables, personne n'a jamais vécu quelque chose de comparable. Le culte d'Abba est omniprésent autour de l'arène, des dizaines de visiteurs apparaissent dans les costumes somptueux et kitsch des années 70 de leurs favoris, un selfie à côté du grand logo d'Abba Voyage fait partie du jeu, tout comme l'achat d'un souvenir du spectacle ou d'un gobelet Abba à valeur ajoutée à l'un des dizaines de stands de boissons. Toute l'infrastructure apparaît dans un éclat parfait et la musique rétro augmente la disposition à consommer et l'anticipation de la première personnelle à venir. Bref, la machinerie marketing d'Abba a été réglée de manière optimale.

Le spectacle

A l'intérieur, l'arène obscurcie ne semble pas différente d'une salle de concert moderne : des places assises dans les tribunes et des places debout devant la scène qui, avec une sorte de rideau laser, ne révèle encore que peu de choses sur le spectacle d'Avatar à venir. Pour un peu plus d'argent à l'entrée, on peut s'offrir un surclassement original, un petit balcon pour 10 personnes maximum avec sa propre piste de danse et un bar adjacent, une option fortement recommandée pour ceux qui aiment danser mais ne veulent pas rester debout en permanence.

Puis il arrive, le moment magique tant attendu : Abba apparaît sur scène en tant que jeunes musiciens. Soudain, ils sont là, comme de vraies personnes, à saluer le public. La foule hurle comme si les véritables superstars des années 70 se tenaient devant eux, on se frotte les yeux pour la première fois : comment est-ce possible ? Ils ont l'air 100% vrais ! La fascination et l'incrédulité se répandent sur les visages des visiteurs.

Malgré son effet étonnamment réel, le spectacle n'est pas comparable à un concert normal, car la prestation scénique des Abbataires est sans cesse enrichie - ou interrompue - par des effets de projection à grande échelle et des gadgets techniques. L'ensemble se transforme ainsi en une sorte de mélange entre concert, spectacle de projection et comédie musicale. Une douzaine de musiciens live réels (et de qualité) accompagnent le spectacle et reproduisent les chansons d'Abba dans une qualité CD parfaite. Cet élément réel est certes sympathique, mais il est complètement relégué au second plan par la mise en scène technique complexe et pompeuse.

De manière originale, et parfois même enrichie d'humour, Frida, Agnetha, Benny et Björn s'adressent même individuellement au public, qui réagit avec enthousiasme et émotion, comme si le dialogue était interactif et spontané. La réalisation technique de haute qualité fait manifestement disparaître les frontières entre la fiction et la réalité.

Compte tenu de l'énorme répertoire de tubes d'Abba, le spectacle de 90 minutes (sans entracte) semble un peu court, surtout en comparaison avec les vrais concerts qui durent généralement entre 100 et 120 minutes. Par conséquent, les fans d'Abba risquent de regretter l'une ou l'autre de leurs chansons préférées. D'autant plus que de nouvelles œuvres ont été intégrées dans les années 90. Néanmoins, le spectacle peut être considéré comme un bon échantillon du répertoire du groupe.

Pour clore le voyage, les quatre membres virtuels d'Abba apparaissent sur scène à leur époque actuelle, c'est-à-dire vieillis de près de 50 ans, et remercient chaleureusement le public enthousiaste. C'est le symbole d'un voyage de 90 minutes dans les années 70, que personne dans l'arène ne voudrait manquer.

"Faut-il avoir vu Abba-Voyage ?"

David Chasseur

La conclusion

Abba Voyage n'est pas une révolution de l'expérience du concert, mais un complément étonnamment attrayant et une typologie de spectacle à part entière. Le plus comparable à un spectacle d'art numérique immersif, qui s'adresse à un nouveau public, mais qui ne supplantera jamais les musées et les galeries classiques. Les impressions recueillies à Londres laissent présager que cette technologie et les suivantes permettront d'aller encore plus loin - nous devrions sans doute bientôt rattraper les concerts manqués des légendes décédées ou qui se sont retirées, comme les Beatles, Elvis Presley, Bob Marley ou Michael Jackson - ou revivre Woodstock et Live Aid reloaded.

Faut-il avoir vu Abba-Voyage ? Faut-il même se rendre à Londres pour le voir ? La réponse est nuancée et dépend des attentes de chacun.

À voir absolument pour :

  • Les fans d'Abba qui n'ont jamais vu le groupe en concert
  • Intéressés / passionnés de technologie

Nice to see for :

  • Amateurs de comédies musicales et de spectacles, qui aiment la musique d'Abba
  • Ceux qui veulent vivre quelque chose de nouveau

Non recommandé pour :

  • Défenseur de la musique live avec des émotions réelles et interactives

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