Publié le 28. février 2024

«Things Fall Apart» de The Roots: 25 ans d'un monument hip-hop

Le 4e album de la bande de Philadelphie sortait en février 1999 et propulsait le groupe vers de nouveaux sommets. Retour aux sources d'un chef-d'œuvre intemporel vendu à 1 million d’exemplaires et qui mélangeait audacieusement, réflexion sociale, rap alternatif et jazz.

Journalist
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Dès l'instant où l'on pose les yeux sur sa pochette - une photographie prise lors d'une émeute durant le mouvement pour les droits civiques, il est évident que «Things Fall Apart» (Les choses s'effondrent) transcende le simple divertissement. En 1999, alors que le gangsta rap occupait encore le devant de la scène, The Roots ont émergé avec des voix portant des messages profonds et des sons novateurs, marquant ainsi de leur empreinte une époque marquée par d'importants bouleversements sociaux et politiques aux États-Unis.

À l'image de «Double Trouble», collaboration marquante avec Mos Def, tout l'album se distingue par ses paroles qui reflètent les préoccupations de l'époque, abordant des thèmes tels que l'identité noire, l'amour, la lutte contre l'injustice, et la quête de sens. Une réussite en grande partie due à Black Thought, dont les jeux de mots subtils et le flow incisif l'ont véritablement hissé au rang des MCs légendaires.

Mais l'histoire de «Things Fall Apart» ne se résume pas à la brillance de Tariq Black Thought Trotter; Ahmir Questlove Thompson, avec sa vision rythmique sans pareil, a insufflé vie et âme à cet album emblématique. Ensemble, ces deux compères, fondateurs du groupe ont offert un supplément d'âme à ce disque.

Leur collaboration sur le morceau phare «You Got Me», où la voix envoûtante d'Erykah Badu se mêle au rap poignant de Black Thought, soutenue par les rythmes complexes de Questlove, témoigne de la puissance de leur synergie. Un Grammy plus tard, la collaboration musicale atteint des sommets inédits démontrant que les featuring entre artistes de différents milieux est la voie.

Plus tard, le collectif Soulquarians, auquel The Roots ont participé activement, en est un parfait exemple. Réunissant des talents comme Questlove, D'Angelo, Erykah Badu, et J Dilla, ce collectif a produit certains des albums les plus influents de la fin des années 90 et du début des années 2000.

Cet album n'aurait cependant pas atteint une telle profondeur sans l'apport de tous les membres du groupe. Leurs contributions ont enrichi le son de The Roots, leur permettant d'explorer de nouvelles dimensions comme, par exemple, sur «The Next Movement».

Un titre sur lequel on peut apprécier la fusion parfaite entre le hip-hop (les scratchs) et des éléments live (les instruments), caractéristique du son unique du groupe, notamment grâce au clavier de Kamal Gray, épine dorsale mélodique, et à la basse profonde de Leonard Hub Hubbard, qui ensemble, injectent un groove indéniable au morceau.

Vingt-cinq ans après, «Things Fall Apart» est toujours une masterclass musicale, et bien plus encore. C'est une pierre angulaire qui a non seulement ouvert des portes, mais a aussi pavé la voie à un nouveau courant de pensée dans l'industrie. Il a posé les fondations d'un hip-hop plus réfléchi et organique, préfigurant ainsi l'émergence de talents tels que Kendrick Lamar ou J. Cole.

Mais l'impact de «Things Fall Apart» transcende les frontières musicales ; il s'inscrit dans le tissu même de la vie, en résonnant avec des thèmes universels de lutte, d'amour et de résilience.

Ces thèmes, toujours d'actualité, montrent que c'est peut-être cela, la marque d'un classique: traverser les époques sans perdre une once de pertinence, en continuant à inspirer, à éduquer et à rassembler, comme si l'album avait été enregistré hier...

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