On a vu «Back to Black» et ce n’est pas aussi super que prévu

Dans «Back to Black», on retrouve la jeune Amy (Marisa Abela) directement à l'aube de son album «Frank» il y a une vingtaine d’années. Encore fraîche et un poil naïve, la fan de Billie Holiday et Sarah Vaughan chante de-ci de-là dans des bars de Camden son quartier de prédilection à Londres.

On la voit virevolter entre différents hommes, chanter dans sa chambre et chanter dans la rue, notamment du Laureen Hill, et être bichonné par un papa Mitch (Eddie Marsan) bien trop gentil par rapport à ce que l’on sait de la vraie histoire.

Sa grand-maman Cynthia (magistrale Lesley Manville) est aussi très présente dans le film et lui apprendra à faire sa fameuse choucroute de cheveux avant de mourir, alors que l’on voit à peine Janis sa mère dont on sait pourtant qu’elle était présente pour sa fille. Pareil pour ses acolytes Salaam Remi et Mark Ronson dont on sait qu’ils ont plus que compté dans la vie et la carrière de la chanteuse…

Mais revenons-en à la deuxième «star» du film : Blake Fielder-Civil (Jack O'Connell) qu’Amy rencontre dans un pub après qu’elle ait envoyé balader sa maison de disques pour «vivre pour pouvoir écrire» . C’est après une parade accoudée au bar et au bord d’un billard que l’on voit Amy succomber, après que Blake lui fasse découvrir et chante «Leader of the Pack» de The Shangri-Las.

Et cette première rencontre part en déconfiture, à l’image de l’histoire de ces deux là. Blake finit par se tirer du pub au bras de sa petite amie, détail qu’il oublie de mentionner à Amy. Cette dernière lance à sa rivale, «Hey, nice pumps», clin d’œil à son titre «Fuck Me Pump».

Ensuite on se retrouve un peu dans ce qui pourrait ressembler au clip de «We Found Love» de Rihanna. Entendez par là, que l’on assiste aux hauts et aux bas de deux fous d’amour se plongeant un peu plus dans les montagnes russes de la défonce.

• Amy et Blake heureux devant des big mac dans une chambre d’hôtel.
• Amy et Blake qui s’engueulent: elle quitte l’appartement et se retrouve assise par terre dans les rues de Londres face à un renard. Oui, un renard.
• Amy et Blake se marient en douce à Miami.
• Amy et Blake partagent des pipes à crack.
• Amy et Blake rigolent dans des pubs.
• Amy et Blake fuient les paparazzis.
• Amy et Blake roucoulent dans une piscine.
• Amy et Blake se disputent, jusqu’à ce moment, totalement WTF, où elle ira lui rendre visite en prison et lui, demandera le divorce, parce qu’il veut une vie plus saine et mettant fin à leur relation trop toxique à son goût. (Lol.)

Alors quand on voit que la société de production StudioCanal déclare que le film «se concentre sur le génie extraordinaire d'Amy, sa créativité et son honnêteté», on est un peu déçu de la version blockbuster-tragique à la Bonnie & Clyde qui nous est livrée à défaut de mettre en lumière tout ce qui faisait qu’on aimait Amy Winehouse, à savoir, son talent, sa voix unique, son écriture, sa présence presque irréelle lors de ses apparitions non enivrées.

On note quand même qu’il a ce chouette passage de 2008, lorsqu’Amy en direct de Londres, remportait 5 Grammy et livrait une performance géniale.

No spoiler alerte : l’actrice Marisa Abela fait ce qu’elle peut quand il s’agit de chanter à l’écran et donc de reproduire l’inimitable voix d’Amy. Le (trop long) film se termine trop rapidement sur une femme esseulée dans un appartement à moitié vide, triste de savoir son amour disparu être devenu père. Un écran noir apparaît, un texte «Amy Winehouse est morte le 23 juillet 2011 à 27 ans d’une intoxication à l’alcool» et c’est fini.

Pour résumer, si vous êtes en quête de l'âme d'Amy; «Back to Black» vous laissera sur votre faim. Pour une immersion dans son univers, son talent et pas uniquement ses déboires, on vous conseille de (re)voir le documentaire d'Asif Kapadia «Amy» qui avait gagné l’Oscar du meilleur documentaire et dont papa Mitch n’était pas très content, ceci peut peut-être vouloir dire cela…