Publié le 30. septembre 2022

La musique cette âme sœur du tatouage

Que ce soit dans les dessins eux-mêmes ou pendant les sessions de travail, la musique accompagne souvent l’art de tatouage. À quelques jours de la Lausanne Tattoo Convention, on s’est penché – avec quelques artistes, sur ce lien, encré depuis longtemps.

Journalist
1167

Si l’on croise les sources spécialisées, les premiers tatouages jamais recensés, auraient été ceux d’un certain Ötzi, dont la date de mort estimée oscille entre 3370 et 3100 avant notre ère (il y a donc plus de 5000 ans). D’après Albert Zink, directeur de l'Institut d'études des momies d'Eurac Research à Bolzano, ses tatouages avaient probablement un but curatif, ayant pour but de soigner l’arthrose en signalant les endroits à traiter, et même si l’histoire ne dit pas si ce bon vieil Ötzi écoutait des mélodiques, on pense que l’art du tatouage est probablement aussi ancestral que celui de la musique, et c’est la liaison des deux qui nous intéresse.

Donc après les diverses tribus des 4 coins du monde, ce sont les marins qui ont «popularisé» le tatouage, à leurs retours de Polynésie, où ils s’essayèrent à la tradition du «tatau» qui consistait à décorer la peau en injectant sous la peau des encres bleutées. Leurs emblèmes racontant les histoires de leurs aventures, au même titre que les chansons que l’on pouvait entendre sur les bateaux ou dans les bars des docks à travers le monde. Alors avant d’entrer dans le vif du sujet, on se cale une petite track pour se mettre dans l’ambiance.

Ensuite, autour de 1930, arrive la première «star» du tatouage, Sailor Jerry (Norman Keith Collins), et pour bien vérifier notre postulat, ce génie du dermographe était également… saxophoniste dans son propre jazz-band ! Et si depuis, le monsieur a plus été célébré dans des compilations rock que jazz, dans le monde de la musique, le tatouage semble ne pas avoir de genre.

De Johnny Hallyday à Lil Wayne en passant par Lady Gaga

Petit à petit, le tatouage s’impose donc pour tous et les stars de la musique contribueront à lui donner une image «cool» le faisant définitivement entrer dans la pop culture. Qui ne souvient pas de l’aigle de Johnny Hallyday, de la licorne de Lady Gaga, ou encore de Lil Wayne, chromé comme jamais !

Johnny, Lil Wayne et Lady Gaga  - DR
Johnny, Lil Wayne et Lady Gaga - DR

On peut aussi constater le lien étroit entre les deux arts avec les choix de motifs eux-mêmes. Dans l’univers infini que permet la créativité, bon nombre de clients choisissent de se faire tatouer les artistes qu’ils aiment, les logos de leurs groupes préférés, des symboles liés ou encore des paroles de chansons. La musique offre ainsi un terreau sans fin au tatouage.

La musique source d'inspiration pour les tatoueurs et leurs clients  - DR
La musique source d'inspiration pour les tatoueurs et leurs clients - DR

Alors avec tout ça, aujourd’hui, on imagine difficilement une convention de tattoo sans musique et sans concerts. Prenons laLozT2 (Lausanne Tattoo Convention) qui aura lieu du 28 au 30 octobre au Palais de Beaulieu à Lausanne, même si ses véritables stars sont les tatoueurs, on dénombre 6 groupes annoncés, du blues acoustique de Floyd Beaumont and the Arkadelphians en passant du funk ou du swing avec le big band de…L’EPFL ou encore par le Psychedelic Lo-fi Blues de Trixie and the Trainwrecks.

Et du côté des tatoueurs aussi la musique a une importance. Souvent telle ou telle ambiance, «recouvre» le bruit du dermographe. Pour David Mottier tatoueur suisse qui sera de la partie à la convention, tout est une histoire de bulle de concentration. «En général j’écoute des trucs tranquilles pour tatouer. Un bon exemple serait le titre «What lies beneath» du groupe Life On Venus. Du shoegaze, un morceau assez lent et planant mais émotionnellement fort avec lequel j’arrive à me connecter lorsque je tatoue. Ça m’aide à me sentir calme et à me concentrer», raconte l’artiste qui officie pour le RAINBOW Tattoo studio en Gruyère.

Célèbre dans le monde, mais officiant désormais dans son salon Maison Louche Tattoo à Montreux, pour Amy Mymouse (oui, elle a choisi son nom d’artiste pour se marrer en référence à sa ressemblance avec Amy Winehouse), la musique fait partie à part entière d’une boutique de tattoo et de son ambiance. La tatoueuse qui sera aussi de la partie à la convention explique : «Je commence souvent mes journées avec de la musique très calme. La plupart du temps je mets du Ramin Djawadi compositeur de musique de film et de séries comme Game of Thrones ou Westworld. Sa musique est très mélancolique avec des notes un peu «orientales»… Ça permet et aux clients et moi-même de commencer détendus» !

Mais Amy bosse sur de grosses pièces — entre 5 et 10 heures par jour, alors l’ambiance musicale peut changer. Elle détaille: «Souvent, vers 16h on passe sur de la musique qui ambiance un peu plus pour se motiver mutuellement à tenir la session! En ce moment je mets de la pop/rock des années 80 comme un bon Bonnie Tyler, mais en fin de session on retourne sur du plus calme, LHASA «La Marée Haute» pour citer un titre ou on part dans le vieux paris des années 20/30 avec du Fréhel ou Berthe Sylva». On ne résiste donc pas, à se caler un Bonnie Tyler, parce que ça fait plaisir!

Aussi invité de la convention, pour Jo, owner de Le Parloir Tattoo à Lausanne, c’est une question de «mood» et de lien entre ce qu’il écoute et ce qu’il dessine/tatoue. «Ce matin je me suis réveillé avec l’envie d’écouter du Blak Sabbath, l’album «Vol. 4». Du coup, je sais que mon dessin va être plus black & white et un peu plus couillu» ! Mais comme son art, le tatoueur ajoute que ses goûts en matière de musique sont «éclectiques».

Notre dernier tatoueur contacté ne sera pas de la partie à la convention lausannoise, bien qu’il ait grandi dans la ville lémanique. Christophe, qui a désormais posé son studio sdzn à Bruxelles explique : «Quand le client arrive je commence toujours par boire un verre et discuter, mais la plupart du temps je ne laisse pas choisir la musique. J’ai besoin de mettre un album d’un artiste qui me plaît. Je passe très souvent l’album «Advaitic songs» du groupe OM, qui a un côté apaisant et hypnotique, ou je me tourne vers du Sigur Rós».

Chris-sdzn conclut: «je pense que la musique est aussi importante pour le client que pour le tatoueur, il faudrait éviter certains genres», avant d’ajouter avec une pointe d’humour: «je me souviens m’être fait tatouer le bas-ventre avec du punk hardcore à fond. Ce fut une expérience… douloureuse»!

Moi qui ai écrit cet article, je viens récemment de me faire encrer par ce dernier, je vous recommanderais un artiste qui vous fait voyager, et comme le flash était un chat psychédélique, près d’un autre tatouage qui n’est autre que… l’autographe de Robert Plant, vous me voyez venir et ça tombe bien avec un nom d’album tel que «Physical Graffiti».

Alors si vous êtes tentés pour un week-end de tatouage, notez que les billets pour la Lausanne Tattoo Convention qui se tiendra au Palais de Beaulieu à Lausanne du 28 au 30 octobre, sont disponibles sur le site de Ticketcorner.

Tu aimes cet article?