Publié le 10. août 2022

Emir Kusturica ou le punk débridé d’un esprit libre

Avec son No Smoking Orchestra, l’artiste aux deux Palmes d’Or sera de la partie au Venoge Festival le samedi 20 août. Bio express du cinéaste musicien dont la folie poétique exulte sur scène.

Journalist
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Il y a des gens qui naissent avec des dons, et l’on peut dire sans trop prendre de risque que le natif de Sarajevo en fait partie. Oui, Emir Kusturica féru de cinéma depuis l’enfance décide un jour d’embrasser sa passion et le temps lui donne raison. Oui, déjà avec son film de fin d’étude, il décroche un prix. C’est le premier d’une longue série, puisqu’avec Ken Loach, Michael Haneke, Les frères Dardenne ou encore Francis Ford Coppola, il fait désormais partie de la liste très sélecte des réalisateurs à avoir reçu deux fois la Palme d’Or au festival de Cannes.

Lui, c’était pour «Papa est en voyage d'affaires» en 1985 et pour «Underground» dix ans plus tard. Des Césars, des Lions d’Or et on en passe, le mélange des genres opère et la musique devient un personnage à part entière des films de Kusturica qui collabore avec Goran Bregović notamment sur «Le Temps des Gitans» et «Arizona Dream» dont le générique est scandé par un certain… Iggy Pop (qui joue lui aussi au Venoge Festival) !

Fin des années 1990, Emir veut lui aussi jouer les bandes originales de ses films, alors il crée son propre orchestre, le «No Smoking Orchestra». Le premier de la longue liste sera «Chat noir, chat blanc» et le ton est donné, quel est donc le genre de cet orchestre ? Emir Kusturica dira : «Le No Smoking Orchestra s’approprie tous les genres, même les plus inintéressants. Ce qu’on obtient est une sorte de mélange, une world music impossible à identifier précisément, libre en quelque sorte. Rien de plus normal en fin de compte puisque la musique des gitans est la synthèse de toutes les autres».

Ensuite, en plus de ses films, il se met à tourner avec sa bande pour faire découvrir au monde leur «unza unza music», mélange de punk, de jazz, de musique traditionnelle balkanique et tzigane. Car même si Emir Kusturica n’a pas de racines familiales gitanes, il les a fréquentés depuis sa plus tendre enfance et, pour lui, ce peuple symbolise la notion même de liberté.

Une liberté presque politique, car en tant que Serbe ayant parfois côtoyé des personnalités Russe, Emir tient à ce que tout soit bien clair : « Emir Kusturica et The No Smoking Orchestra sont des phénomènes significatifs du mouvement antimondialiste et un paradoxe unique de l'environnement dont ils sont issus, dissociés de toute église ou dogme du show-business».

Alors, comme ils le disent si bien sur leur site web, non seulement il est impossible de «rester ses deux pieds immobiles sur ce mélange explosif de sons de type nitroglycérine», leur musique et leur liberté sont le pouvoir qui leur permet de «se sentir chez eux sur n'importe quelle scène». Et on parie qu’ils seront chez eux au Venoge Festival.

En attendant samedi 20 août, ou il se produira le même soir que Calogero, Eagle Eye Cherry, Hoshi ou encore Julien Clerc, on se cale une petite vidéo de sa dernière venue au Paléo : on y était, on peut vous dire que ça dépotait !

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