Publié le 11. novembre 2022

Coup de cœur pour Valentino Vivace

Le tessinois sort aujourd’hui «Meteoriti», album joyeusement intelligent qui va mettre un coup de soleil à cette fin d’année. Interview pleine de couleur.

Journalist

Prenez un k-way fluo, des snythés, ajoutez-y une touche d’Italie, une coupe de cheveux farfelue et un soupçon de deuxième degré: vous obtenez Valentino Vivace. Pour vous faire une idée de la dimension quasi jubilatoire de la musique de cet artiste ovni dans le paysage musical suisse, avant de plonger dans son univers aussi intéressant qu’enjoué, on se cale le clip de son «Autoradio».

Donc, Valetino Vivace est né au Tessin, il y a 26 ans et il sort aujourd’hui, vendredi 11 novembre, «Meteoriti» son premier album qui sent bon le soleil, les couleurs, l’italo-disco, le rétrofuturisme et le fun. D’ailleurs, fun fact, il aura son anniversaire vendredi 18 novembre prochain. Et qui dit vendredi, dit jour de sortie. «J’aurai aimé le sortir pour mon anniversaire, mais il se trouve qu’Apple Music m’a proposé de faire partie de la campagne « Up Next » et j’ai trouvé évidemment ça hypercool et j’ai dit oui».

Hyper cool, adjectif qui colle bien au garçon qui, comme il a étudié la batterie à la HEMU de Lausanne, s’exprime parfaitement en français au bout du Zoom qu’il a fait avec nous depuis Hambourg où il est avec Bumblebees, son groupe «d’avant» pas mis en stand-by pour autant.

On met en route le question-réponse, et même s’il s’est déjà produit au Montreux Jazz et à la fête de la musique à Lausanne, on plonge à la rencontre de ce touche-à-tout multitâche, qui, selon nous, ne restera pas autoproduit encore longtemps!

Le grand public ne vous connaît pas encore très bien, alors Valentino Vivace, quel est votre univers?

Comme écrit dans ma bio j’aime bien dire que ma musique est comme un Campari Spritz. Il y a quelque chose de doux, joyeux et énergique, mais il y a aussi une touche de nostalgie amère un peu quelques fois. Je pense que ça reflète ma musique et aussi ma personnalité. En plus, c’est la première fois que j’écrivais de la musique tout seul, c’est vraiment différent que l’addition de plusieurs avis, là c’est moi.

Quel a été le déclic pour vous lancer en solo?

Ça fait environ 6 ans qu’on a créé Bumblebees avec mon frère et des amis du Tessin. Au départ on était tous étudiants et c’était plus simple pour faire de la musique. Ensuite, pour mon projet de master à la ZHdK de Zurich (Haute École d'art de Zurich, Ndlr.) je devais faire un concert de 45 minutes. On pouvait vraiment faire ce qu’on voulait. Du coup, assez naturellement, je me suis dit que j’allais faire quelque chose seul, parce que c’était plus simple niveau logistique, que je pouvais bosser quand je voulais et comme c’était en plus pendant le covid, c’était compliqué de voir d’autres gens.

Et c’est là que vous vous êtes mis à chanter en Italien et plus en Anglais?

Oui. Finalement j’ai remarqué je ne pouvais pas vraiment m’exprimer, aller au fond des choses avec l’Anglais comme ce n’est pas ma langue maternelle. J’avais déjà quelques démos qui marchaient bien avec cet esthétique italo-disco et je me suis dit «c’est logique». Pendant le covid, j’ai passé des journées entières seul dans mon studio à avoir du plaisir, je me sentais hyperbien. J’aime être dans un autre monde.

Et pourquoi Vivace?

J'avais essayé d'utiliser mon nom de famille en mode italianisé mais ça ne marchait pas. (Rires !) J'aimais bien l'idée que ça commence aussi avec un V et Vivace en italien ça veut dire vif. Du coup ça reflète plutôt bien ma personnalité. Je crois que j'ai fait le bon choix!

Arrivons à «Meteoriti» qui sent bon les discos, l’été, qu’est-ce qui vous a pris de le sortir en novembre?

(Rires !) En fait pour moi cette année beaucoup de choses sont arrivées très très vite. J'ai donné mon premier concert, donc celui du master, le 24 septembre 2021. Ensuite je suis parti deux mois au Mexique parce que j'ai un pote là-bas et que ça faisait longtemps que j'avais besoin de m'évader. Quand je suis rentré j'ai réalisé à quel point ce premier concert avait été cool. Donc j'ai décidé de sortir un premier single «Come mai» en mars 2022 et comme ça a été vraiment bien reçu je me suis dit qu'il fallait que je termine les morceaux pour sortir un album. À la base je n'étais pas sûre de le sortir cette année mais après cet été et les concerts où tout le monde me demandait où ils pouvaient écouter ma musique, je me suis dit que j'allais plus attendre quelqu'un ou la signature avec un label pour sortir ce disque. Alors c'est cool mais c'est énormément de travail. C'est difficile d'atteindre certaines personnes dans la musique mais c'était le moment de le sortir.

Ce qui est étonnant avec ce disque, c’est qu’il y a à la fois des sonorités new wave, italo-disco, donc rétro, mais en même temps il sonne très moderne, actuel. D’où sont venues vos inspirations, qui sont vos références?

Déjà je suis content que vous trouviez qu'il y a quand même ce côté moderne parce que pour moi c'était très important. J'aime cette chose rétro mais je ne voulais pas copier les années huitante ou quoi que ce soit. Je voulais vraiment que ce soit un mélange de ce que j'écoute. D'un côté des trucs du genre Ryan Paris ou Tom Tom Club, j'adore ça. Et en même temps j'écoute beaucoup de musiques modernes. Du francophone aussi parce que j'ai étudié à Lausanne, j'adore par exemple Sébastien Tellier, Myth Syzer ou Air. En Italie aussi en ce moment il y a plein de gens qui font de la musique incroyable par exemple Cosmo, mais aussi certains trucs plus vieux comme Rino Gaetano, Franco Battiato des trucs un peu plus de chansons, parce que même si j'ai ce truc indy dans ma musique j'aime bien ce côté plus pop plus disco. Donc j'ai vraiment des références un peu partout mais mon groupe ultime, celui qui a changé ma façon de faire la musique, c'est Tame Impala. Peut-être qu'on l'entend un peu moins dans mon album mais c'est vraiment eux qui ont changé ma façon de faire, ma vision.

Au milieu du disque, il y a «Aqua d’Argento», une sorte d’ovni qui fait une transition. Racontez-nous l’idée.

C'est le track le plus vieux de l'album. Avant j'avais aussi un duo avec un des Bumblebees qui s'appelle MäLT, d'ailleurs il existe toujours! Ça faisait longtemps qu’on avait envie de faire de l’électro. Avant le covid on avait passé pas mal de temps ensemble en studio et un jour on y était les 2 et on a commencé à jammer ce track mais on n'avait pas encore de lyrics. Alors un jour je l'ai ressorti j'ai écrit des paroles avec cette autotune hyper pété et comme il était là je me suis dit que ça ferait un bon lien entre les 2 parties, car il annonce un peu aussi ce truc plus moderne. Au début j'ai même pensé à appeler l'album «Aqua d’Argento», parce que c'est trop beau l'eau argentée.

Il y a un truc chez vous avec les couleurs et l’esthétique!

Pour le concept c'est vrai que j'aime bien penser à tout j'avais vraiment une esthétique dans la tête. Pour le clip d’«Autoradio» j'ai bossé avec une styliste tessinoise que je connais depuis longtemps. J'ai aussi bossé avec elle pour la pochette, même si à peine une semaine avant le shooting je n'étais pas encore sûre de ce que je voulais, ni la couleur de cheveux ni les vêtements. Un jour je suis entré dans une friperie Zurich j'ai vu ce pantalon et cette chemise violette et je me suis dit «c'est ça»! Et concernant le graphisme j'ai bossé avec un studio de Berne. Mais oui, j'adore les couleurs, je crois depuis que j'ai commencé à étudier à Lausanne j'ai passé des heures à chercher des vêtements dans les friperies et je prenais toujours les trucs avec le plus de couleurs possibles.

En parlant de Lausanne, vous avez étudié à la HEMU à Lausanne et avez réenregistré certains des morceaux du disque au studio AKA. Qu’est-ce qui vous plaît particulièrement de cette ville?

J'adore Lausanne. C'est là que j'ai commencé mes études de musique et j'ai rencontré tellement de gens cool. Je crois que la vibe de la ville correspond très bien à ma personnalité, c'est moins carré plus alternatif par rapport à Zurich. J'ai un lien spécial avec cette ville, les soirées au Bourg, au Romandie, au Folklore, j'habitais au tunnel et je passais toutes mes soirées là-bas avec mes potes. Je reviens hyper souvent à Lausanne, j'habite chez Arnaud et Alexis qui sont dans le groupe aussi, c'est vraiment ma deuxième maison. Et pour le studio, à la base j'ai écrit toute la musique dans mon studio ou dans ma chambre j'ai fait toutes mes maquettes. Mais après le concert à Zurich je me suis dit que ce serait quand même très cool d'enregistrer deux trois morceaux avec le band. On a enregistré «Sottosopra», «Come mai» et «L'equilibrio» qui sont un peu plus indy et du coup ça apporte vraiment quelque chose je voulais que ce soit moins boîte à rythme et j'ai choisi le haka studio parce que c'est Alexis Sudan qui bosse là-bas et c'est aussi lui qui a mixé tout l'album et qui est aussi là pour les lives du coup c'était évident et même si c'est moi qui ai écrit toute la musique les musiciens font aussi partie du projet, y compris de l'esthétique sur scène.

Maintenant, on demande le choix impossible ! Si quelqu’un qui ne vous connaît pas, devait écouter qu’un de vos titres, vous choisiriez lequel?

Je peux en dire deux? (Rires!) je dirais «Meteoriti» parce qu'il reflète vraiment mon énergie et ma joie de faire de la musique et de le partager avec beaucoup de gens. Quand je le joue en live c'est vraiment moi et évidemment il y a les synthés qui me représentent bien. Et sinon il y a «L'equilibrio», qui reflète peut-être un peu plus mon côté indy et nostalgique. C'est aussi très très important pour moi parce que je suis un peu dans les nuages dans l'espace, je pense qu'il y a une sorte de force et se connecter à ça parfois, je pense que ça aide à continuer le chemin.

On sent d’ailleurs cette sensibilité et cette nostalgie dans les textes qui contrastent avec la musique. Si vous deviez choisir une phrase dans cet album, ce serait laquelle et pourquoi?

C’est une question très difficile. Je dirais le début de « Lapislazuli » qui dit « Ti ricordi quella stella? Non voleva più andarsene via», elle est très importante pour moi. C’est un moment de ma vie qui raconte une scène que je vois clairement dans ma tête. C’est la première fois ou j’ai écrit sur ce moment qui parle de la perte de quelqu’un et pour moi c’était nouveau de pouvoir parler de ça, parce que je ne suis pas du genre à raconter ce genre de choses personnelles.

Et si vous deviez raconter l’émotion à la veille de la sorte de l’album?

Je suis hyperexcité évidemment, j'ai trop hâte que ça sorte. Ça fait tellement longtemps que je travaille sur ça et que les gens me demandent ce disque, alors à quelque part ça fait bizarre aussi parce qu'on se met à nu et ça nous appartient plus, mais j'espère juste que les gens vont kiffer et j'ai trop hâte de voir les réactions.

Donc vous allez passer la journée sur votre smartphone à checker les notifications?

Carrément (rires)!

Et si on résumait cette journée avec des émojis, ça serait quoi?

Un Valentino heureux de sortir son disque!  - Starzone
Un Valentino heureux de sortir son disque! - Starzone

Petit bonus: «parce que c'est hyper en retard», quand sera venue l’heure, Valentino sortira «Meteoriti» en vinyle et y ajoutera le bonus Track «Insieme». En attendant les dates de sa tournée de printemps, il jouera le 19 novembre au Fri-Son de Fribourg dans le cadre des Swiss Live Talents.

Tu aimes cet article?